L'immersion linguistique
Placer les enfants en immersion pour apprendre les langues se pratique depuis plus de deux mille ans. Les Romains faisaient instruire leurs enfants par des pédagogues parlant grec; les Russes et les Anglais du dix-huitième siècle engageaient des « Mademoiselles », des « Fräulein » et des « Miss » pour que leurs enfants deviennent multilingues. L’immersion en milieu scolaire est plus récente; elle a commencé au Canada dans les années 60 et existe actuellement dans de très nombreuses écoles dans le monde. L’expérience acquise permet de développer des projets qui se donnent les moyens du succès.
Le point central réside dans la continuité: même devenu bilingue à 10 ans (cf. Aries Roessler, Bilingue à 10 ans, c’est possible!), l’enfant aura atteint à ce moment un niveau B1, (se débrouille très bien), et pas encore un C1 qui en ferait un bilingue réel. L’acquisition complète d’une langue se poursuit durant l’adolescence en langue seconde comme en langue maternelle, et stopper l’acquisition à 10 ans signifie que ce niveau ne sera pas dépassé, voire que l’élève régressera et oubliera les acquis.
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L'immersion précoce
Il y a une « plage temporelle » durant laquelle nous apprenons spontanément à marcher; de la même manière, il y a une « fenêtre linguistique » durant laquelle nous apprenons spontanément les langues. Cette fenêtre s’ouvre à la naissance et se ferme progressivement entre 8-12 ans. A douze ans, l’acquisition naturelle des langues est en principe terminée et le cerveau se consacre à d’autres tâches. Pendant la fenêtre linguistique, l’enfant apprend les structures grammaticales et la prononciation de manière optimale. Une fois devenu bilingue, les autres langues suivent facilement.
Bilinguisme actif
La majorité des êtres humains pratique quotidiennement plus d’une langue: le monolinguisme actuel en Europe est une exception historique due aux nationalismes du dix-neuvième siècle. Toutefois, la maîtrise d’une langue peut aller de la connaissance de quelques phrases simples à la faculté de rédiger des textes ou de faire des conférences dans la langue seconde (bilinguisme actif complet). Chacun en a fait l’expérience en vacances: il est assez facile de développer un bilinguisme passif basique, de comprendre quelques phrases, de prononcer quelques mots. Ce qui demande vraiment du temps, c’est de devenir bilingue actif.